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Julie B.

Décryptage : 3 studies for a portrait (1976)

L’exposition “L’âge atomique, les artistes à l’épreuve de l’histoire” - qui se tient actuellement au Musée d’Art Moderne à Paris jusqu’au 9 février - se penche sur la manière dont l’irruption de la découverte de l’atome, puis l’avènement de l’ère nucléaire ont provoqué une révolution sur la manière de créer des artistes picturaux.  Dans cette exposition, nous pouvons notamment retrouver une œuvre du peintre britannique Francis Bacon (1909-1992) nommée Three Studies for a Portrait peinte en 1976.



Il s’agit d’un triptyque représentant la muse ultime de l’artiste, Henrietta Moraes. Dès 1963, Three studies for a Portrait of Henrietta Moraes pavait déjà la voie, avec le même format, et le même type de distorsion faciale. C’est un format qu’il répétera également en 1979, en mettant en scène son propre visage dans Three studies for a self-portrait.


Je vois les images en série” dit-il en effet lors d’un entretien avec le critique d’art David Sylvester publié dans une compilation de conversations en 1975. Cette répétition permet de capturer un sujet en mouvement. Ainsi, le modèle ici déploie sa chair de manière organique, presque comme dans un souffle mécanique. Les yeux sont fermés et évoquent un sommeil, peut-être provoqué artificiellement. Une chape de verre semble enserrer le visage de cette femme, dispositif protecteur. Sa bouche est gonflée, avide d’air.



Une des inspirations de Bacon pour cette représentation particulière d’un sujet aimé est le film Hiroshima mon amour (1959) d’Alain Resnais, dans une scène où une mèche de cheveux coupe le visage de l’actrice Emmanuelle Riva en deux. Ce film retrace la rencontre amoureuse d’une Française et d’un Japonais lorsque celle-ci se rend à Hiroshima 14 ans après les bombardements atomiques, ce qui fait écho à la thématique de l’exposition. On peut également citer Picasso dans la manière de représenter les traits faciaux de son modèle, rappelant les constructions cubistes.


Le thème de l’amour entremêlé avec la perte est récurrent dans l’oeuvre de Bacon en particulier depuis le suicide de son amant George Dyer en 1971, qui a marqué profondément le peintre alors qu’il était au sommet de sa consécration. L’être aimé rendu étranger par la dépossession du corps chéri effectuée par la mort est quelque chose qui infusera l'œuvre du peintre dès lors. George était un modèle privilégié de Bacon, dont le corps se trouvait souvent totalement tordu, comme dans ce  Portrait of George Dyer Staring at blind cord, 1966. Ce dernier dira dans un entretien : « J'espère toujours déformer les gens dans le sens de leur apparence ; je ne peux pas les peindre littéralement ».





L’exposition “L’âge atomique, les artistes à l’épreuve de l’histoire” est à voir  au Musée d’Art Moderne à Paris jusqu’au 9 février 2025.

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