L’œuvre Femmes de Tahiti est une huile sur toile de style postimpressioniste peinte en 1891 par l’artiste Paul Gauguin, lors de son voyage en Polynésie française. Ce tableau exposé au Musée d’Orsay, est à la fois un portrait et une représentation d’un paysage. Gauguin a cherché à symboliser l’exotisme plein de couleurs de sa vie polynésienne.
Qui était Paul Gauguin ?
Paul Gauguin est l’un des peintres français les plus important du XIXème siècle. Il se rattache aux courants du symbolisme, de l’impressionnisme et du postimpressionnisme. Ayant beaucoup voyagé tout au long de sa vie, le gout pour l’aventure se ressent dans ses ouvres.
Paul Gauguin est né à Paris en 1848 d’un père français journaliste et d’une mère au foyer d’origine péruvienne. Afin d’échappe à la répression durant le régime de l’empereur Napoléon III, son père s’enfuit avec sa famille au Pérou. A la mort de celui-ci, Gauguin rentre en France avec sa famille. Il poursuit des études généralistes à Orléans mais garde le gout des voyages et des terres lointaines de sa vie au Pérou.
Ainsi, il s’engage à 17 ans dans la marine et découvre les Antilles, le Brésil et même la Polynésie. Ces voyages le marqueront pour le restant de sa vie. Lorsqu’il rentre en France en 1871, il devient officier de change à la bourse de Paris où l’un de ses collègues l’initie au monde de l’art et lui fait rencontrer de nombreux artistes des cercles parisiens. Durant la décennie 1870, il se met à la peinture et côtoie surtout des artistes impressionnistes. En 1882, il quitte son travail d’agent de change et s’installe dans la capitale des impressionnistes : Rouen. Le succès n’étant pas au rendez-vous, il s’installe en 1886 en Bretagne où il y fonde l’école de Pont-Aven avec son ami Emile Bernard. Cette école artistique se concentre sur le travail de la couleur, des lumières et des ombres.
En 1888, il rejoint Van Gogh à Arles mais la cohabitation ne se passe pas comme prévu entre les deux artistes. Après que Van Gogh se coupe l’oreille, Gauguin décide de s’enfuir de cette situation et choisit comme destination Tahiti en Polynésie française où il se rend en 1891. Il crée beaucoup sur l’île, inspiré par la nature luxuriante et les femmes polynésiennes. En 1993, il rentre en France continentale où il expose ses œuvres produites à Tahiti. Il retourne en Polynésie en 1995 et pose cette fois ses valises sur les Iles Marquises en 1901où il y décède deux ans plus tard.
Analyse de Femmes de Tahiti
Femmes de Tahiti, aussi appelé Sur la plage, est l’un des premiers tableaux que peint Gauguin à son arrivée à Tahiti en 1891. L’œuvre représente deux femmes tahitiennes assises sur le sable, l’une tournée vers le spectateur et le deuxième dos à lui, regardant l’océan. Celle de gauche est vêtue d’un haut blanc et d’un paréo indigo à motif et la seconde d’une longue robe rose. On perçoit une forme de mélancolie chez ces femmes, à la fois dans leur posture que dans le regard de la Tahitienne de droite. L’artiste nous offre ici un moment volé puisque le spectateur ignore si les deux femmes ont donné leur accord pour être présentes sur le tableau.
Gauguin souhaite montrer dans ce tableau le contraste entre la vie européenne et la vie polynésienne. Ainsi il nous indique que contrairement à en Europe, le temps est plus long en Polynésie, on y prend le temps de vivre et de se reposer. La femme de droite est en train de tisser des fibres de palmier mais ce travail manuel ne semble pas lui procurer trop d’effort. Il souhaite dépeindre une forme d’éloignement de la vie occidentale qui permet au spectateur d’entrer dans le monde ‘paradisiaque’ et coloré de la Polynésie. Ce contraste avec la vie en France se perçoit également avec le choix des couleurs : Gauguin a sélectionné des couleurs primaires comme l’indigo, le rose et le jaune sur ce tableau. Les tenues sont également plus colorées qu’en France. De plus, les cheveux sont ornés de foulards de couleurs et d’une fleur de tiaré.
Le tableau est également à la fois un portrait et une nature morte. Les deux femmes sont de ce fait intégrées au paysage. L’œuvre est également particulière dans le sens où Gauguin a voulu faire un focus sur ces deux femmes et sur leur activité du quotidien qui peut être perçue comme insignifiante.
L’année suivante, il réalise une variante à ce tableau nommée Parau Api. En effet, il devait être particulièrement fière de Femmes de Tahiti pour en reproduire une deuxième version. Sur ce second tableau, la tenue de la femme de droite est modifiée pour une robe plus courte qui montre ses épaules et avec des rayures. Il ajoute également des fruits et des fleurs sur le sable, ainsi que de la végétation derrière les deux femmes.
Gauguin en Polynésie française
Paul Gauguin est surtout connu pour ses productions artistiques réalisées lors de ses voyages à Tahiti et sur les Iles Marquises. Il a choisi ces îles puisqu’il avait une image fantasmée de la Polynésie comme un endroit où il pourrait s’échapper de ses problèmes d’argent et à ses préoccupations esthétiques d’européen. Les poèmes de Baudelaire et leur ‘invitation au voyage’ l’ont également beaucoup inspiré et il pensait vivre ‘d'extase, de calme et d'art’ une fois arrivé en Polynésie.
Il pensait enfin trouver la liberté qu’il cherchait en Polynésie. Il dit même dans une lettre qu’il envoie en juillet 1891 à son épouse Mette Gauguin : "Toujours ce silence. Je comprends pourquoi ces individus peuvent rester des heures, des journées assis sans dire un mot et regarder le ciel avec mélancolie. Je sens tout cela qui va m’envahir".
Sur l’archipel il est fasciné par la faune, la flore et les habitants des îles, mais surtout par les habitantes. Il représente quasiment exclusivement des femmes dans ses œuvres puisque les habitantes lui évoquent un idéal ‘primitif et sauvage’.
En 1993, il rentre à Paris où il montre certaines de ses créations à ses amis, dont Arearea, ‘joyeuseté’ en tahitien. Cette œuvre représente tout ce qui fait Tahiti selon lui : les femmes polynésiennes, les animaux et la végétation de l’île ainsi que les croyances ancestrales des habitants. En effet, on voit au fond un totem où des femmes viennent prier et se prosterner.
Paul Gauguin est également un artiste controversé à Tahiti. En effet, son amour des femmes maohies était surtout un amour des très jeunes femmes maohies. Edouard Deluc a ainsi consacré une partie de son livre Gauguin-Voyage de Tahiti à la pédophilie de Gauguin lorsqu’il était en Polynésie. Effectivement, lors du premier séjour de Gauguin à Tahiti de 1891 à 1893, il avait vécu avec une tahitienne de 14 ans Tehe’amana et à son retour en 1895 avec une autre du même âge Pahura qu’il épouse en 1896. Le seul commentaire qu’il fait d’elle à son ami Valette est « qu’elle est très débauchée ». Gauguin était également porteur de la syphilis qu’il a transmise à plusieurs jeunes femmes/filles de l’île.
De plus, lors d’un colloque en 2003 à l’occasion du centenaire de sa mort organisé à l’université de Tahiti, l’écrivaine polynésienne Chantal Spitz a dédié sa conférence, en plus de la pédophilie de Gauguin, à son racisme et à son soutien du colonialisme. En effet, Gauguin se montrait raciste envers les juifs, les noirs et les asiatiques. De surcroit, le romancier belge Albert T’Serstevens rapporte durant les années 1940, qu’une marquisienne lui a dit que « Quand venaient des jeunes filles, Koke [le surnom Maori de Gauguin] passait ses mains sur tout leur corps, à travers la robe, et il disait : il faut te peindre ! ».
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