L’art dégénéré est une expression utilisée par le régime nazi afin d’interdire les œuvres d’art moderne. On va le voir, la période nazie fut en effet marquée par la propagande et la censure dans l’art.
L’expression d’art dégénéré
L’art dégénéré (Entartete Kunst en Allemand) est l’expression officielle utilisée par le régime nazi afin d’interdire tout œuvre d’art moderne. Était dégénéré tout ce qui ne correspondait pas aux critères esthétiques des nationaux-socialistes. L’accusation d’art dégénéré pouvait concerner autant les arts plastiques que la musique, la danse ou encore le cinéma.
Les artistes auteurs de ces œuvres vécurent également des persécutions. En effet, puisque le mot « dégénéré » comportait également une connotation raciste et antisémite, les artistes auteurs d’œuvres qualifiées de « dégénérées » étaient considérés et même traités comme des juifs. Vice-versa, les artistes juifs ou communistes étaient aussi considérés comme dégénérés. Toutes ces personnes qualifiées de dégénérées étaient contraintes à l’exil ou était pour certaines assassinés.
Paul Klee pendant le nazisme
L’artiste Allemand Paul Klee a fait face à ces accusations d’artiste dégénéré et été contrait à l’exil. Il faisait usage de beaucoup de couleurs vives et de formes grossières ce qui ne correspondait pas aux attentes esthétiques des nazis. Il s’inspirait en effet du cubisme, de l’expressionisme et du surréalisme. Il fut même considéré comme juif par les nazis, ce qu’il n’était pas.
En 1934, il est renvoyé par l’administration nazie de son poste de professeur à l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf. La même année, il s’exil en Suisse et n’est jamais pu retourner en Allemagne avant de mourir en 1940.
Son œuvre est également le reflet des oppressions qu’il a subit en tant qu’artiste moderne pendant l’époque nazie. Pour l’administration nazie, Paul Klee était un fou ou même un homme arriéré. Adolf Hitler avait même déclaré à son propos : « Les sauvages instigateurs d’une culture préhistorique arriérée » doivent « retourner dans la grotte de leurs ancêtres pour y faire des gribouillages internationaux primitifs. »
Otto Dix, lui aussi accusé d’être un artiste dégénéré
Otto Dix est un peintre et sculpteur allemand de style expressionniste. Il est également renvoyé, comme Paul Klee, de son poste de professeur de l’Académie des Beaux-Arts de Dresde en 1933 puisqu’il est considéré comme « bolchévique de la culture » par l’administration allemande.
Malgré le fait qu’il ait servit dans l’armée de son pays durant la Grande Guerre, thème récurrent de ses œuvres, Otto Dix est traité de cette manière par les nazis. Il s’exile la même année vers le Sud-Ouest du pays mais reste en Allemagne.
En 1937, l’ensemble de son œuvre est déclarée « dégénérée » par les nazis et 170 de ses productions sont retirées des musées. Une partie de ses œuvres sont exposées en contre-exemple à l’exposition d’art dégénéré de Munich et à la fin de l’exposition beaucoup sont brûlées. L’année d’après, il est enfermé par la Gestapo et est plus tard réquisitionné par l’armée allemande pour combattre sur le front occidental. Durant ce temps il est fait prisonnier par les français en Alsace mais survit à cet emprisonnement.
Malgré son destin exceptionnel, Otto Dix meurt en 1969 d’une crise cardiaque à l’âge de 77 ans.
La menace à la liberté de création que sont les extrêmes droites
Pour se concentrer sur l’actualité nationale actuelle, Le Plug souhaitait mettre en garde contre les menaces à la liberté de création que présente l’extrême droite en reprenant un exemple : le scandale autour de l’œuvre « Fuck Abstraction ! » de Miriam Cahn au palais Tokyo. En effet, lors de son exposition au Palais Tokyo à Paris en 2023, l’œuvre a été au cœur d’un scandale lancé par la « fachosphère ». Des personnalités d’extrême droite ont accusé l’artiste de représenter une scène de pédo-pornographie.
En réalité, Miriam Cahn représente les violences sexuelles perpétrées par l’armée russe en Ukraine. Le personnage à droite sur la peinture est plus petit que le personnage à gauche, non pas pour représenter un enfant, mais pour des raisons symboliques de domination. Malgré une pétition et un scandale médiatique, le juge administratif a confirmé que cette exposition était belle et bien légale.
Pour cette raison et tant d’autres, Agnès Tricoire, avocate spécialiste de la propriété intellectuelle et présidente de l’Observatoire de la liberté de création, est aujourd’hui inquiète de l’accession au pouvoir possible de l’extrême droite en France. Elle déclare que cela serait une « catastrophe pour la liberté de création, de diffusion et de programmation".
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