A la fois méconnu et reconnu, l’espace Niemeyer incarne l’exceptionnelle créativité du courant moderniste au XXe siècle. Veritable exploration des capacités techniques du béton, du verre et de l’acier, artistes et maisons de couture s’y sont livrés à des performances artistiques innovantes.
Le siège du parti communiste français
En 1965, le Parti communiste français, disséminé dans les méandres de Paris, entreprend la création d'un nouveau quartier général pour accueillir sa direction générale. Entouré de visionnaires tels que Jean Deroche, Paul Chemetov et Jean-Maur Lyonnet, Oscar Niemeyer a généreusement offert au Parti communiste français et aux Parisiens les lignes audacieuses du Siège.
L'Espace Niemeyer, symbole flamboyant de la créativité débridée du modernisme au XXe siècle, incarne en France la quintessence architecturale. Il anticipe avec éclat les contours futuristes du XXIe siècle, explorant les frontières de la technique à travers le béton, l'acier et le verre.
“Ce n’est pas l’angle droit qui m’attire, ni la ligne droite, dure, inflexible, inventée par l’homme. Seule m’attire la courbe libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon Pays, dans le cours sinueux de ses rivières, dans les nuages du ciel, dans le corps de la femme préférée. De courbe est fait l’univers, l’univers courbe d’Einstein.” - Oscar Niemeyer.
Le chantier démarre en 1968 pour la première phase, donnant naissance à un édifice de six étages, une tour technique, un hall imposant, et des parkings souterrains. Mais en 1971, les travaux s’arrêtent pour reprendre entre 1978 et 1980. Cette seconde tranche révèle le Hall en pente, une partie souterraine, la majestueuse coupole et l'esplanade d'accueil.
S'élevant sur cinq piliers, enracinés dans le sol jusqu'à 35 mètres de profondeur, l'édifice se dresse avec assurance, mesurant plus de 26 mètres de hauteur, 67 mètres de longueur et 11,5 mètres de largeur. Aujourd'hui, le sixième étage, jadis abritant un restaurant, s'est mué en espace de travail, témoignant de la métamorphose constante de ce lieu emblématique.
Qui était Oscar Niemeyer ?
Né en 1907 à Lanjareijas au Brésil, Oscar Ribeiro De Almeida Soares Niemeyer intègre l'école nationale des Beaux-Arts en 1929. Là, il se forge un chemin singulier, entremêlant les lignes de l'art et de l'architecture.
Dès ses premières années, il se lie à Lucio Costa, maître visionnaire de l'architecture brésilienne, et à l'incontournable Le Corbusier. Ensemble, ils esquissent le visage moderne du Brésil en réalisant le ministère de l’éducation et de la santé du Brésil.
Dans les années 40, animé par un esprit de rébellion politique, il croise la route de Juscelino Kubtschek, pionnier du progrès et maître d'œuvre de Belo Horizonte. L'alliance entre l'utopie urbaine et l'engagement communiste se concrétise dans le complexe de Pampulha, érigeant des symboles de renouveau au cœur de la banlieue.
Mais c'est en 1955, sous la présidence de Kubitschek, que le plus grand défi se présente : la construction de Brasilia, une utopie de béton et de modernité. Lucio Costa orchestre l'urbanisme, tandis qu'Oscar Niemeyer cisèle les lignes audacieuses des édifices étatiques, élevant des icônes architecturales qui transcendent les frontières du temps.
La dictature militaire au Brésil le contraint à fuir vers Paris, en 1964. Dès lors, il s'unit à Jean Nicolas, architecte français aux idéaux marxistes, et rencontre Georges Gosnat, gardien des idéaux du Comité Central. Ensemble, ils donnent vie au rêve longtemps caressé de Maurice Thorez : ériger un nouveau siège, un temple de la résistance, à Mathurin Moreau, bastion historique du mouvement ouvrier. En juin 1966, la construction de cette citadelle de la lutte est confiée à Niemeyer.
Parmi ses réalisations notables en France, on compte le centre culturel de la Ville du Havre, connu sous le nom de "Le Volcan", la Bourse du Travail de Bobigny, ou encore l'ancien siège de l'Humanité à Saint-Denis.
Oscar Niemeyer s’éteint le 5 décembre 2012, laissant derrière lui un héritage de béton et de rêves.
Lorsque les artistes s’approprient l’espace Niemeyer
Dans le clip de son morceau "Jalousie", la chanteuse belge fait vibrer la puissance visuelle du dôme hypnotique de l'Espace Niemeyer et de ses lamelles réfléchissantes, transformant ses paroles en une symphonie de symboles. Dans un tourbillon émotionnel explorant les méandres du couple, les miroirs, tant ceux suspendus au plafond que les cubes insérés dans la chorégraphie, confrontent les protagonistes à leurs reflets et à ceux de l'autre, une réflexion intime et collective. Cette expérience visuelle se mêle à une esthétique légèrement rétro, en harmonie avec le kitsch de la moquette vert sapin, évoquant un écho entre le passé et le présent.
Le défilé "Yeezy" marque un tournant dans la carrière Kanye West dans le monde de la mode, notamment avec la performance de sa fille North. Ce défilé mémorable est une expérience hors du commun, une œuvre d'art éphémère. La coupole se mue en scène futuriste, tandis que des écrans géants s'enlacent dans des arabesques, créant un ballet visuel inédit. Durant quelques instants, ces espaces se métamorphosent en théâtre grandiose, accueillant les pas audacieux des mannequins, sous les regards éblouis des spectateurs.
Près de 2 ans après son dernier album et un an après sa dernière mixtape, Lala &ce s’approprie l’atmosphère singulière de l'Espace Niemeyer pour son freestyle Grünt #58. Au cœur de ce cadre futuriste, ses mots s'entrechoquent avec les prods hypnotiques, créant une symbiose entre le son et l'espace. Les lignes audacieuses et les courbes futuristes résonnent avec les vibrations sonores, formant ainsi une expérience sensorielle hors du commun.
L'Espace Niemeyer se dresse comme un phare de l'expression culturelle et artistique, un lieu où les frontières entre l'audace architecturale et la créativité humaine s'estompent pour laisser place à l'innovation.
Avec l'exposition tant attendue de Kiki Picasso, intitulée "Bilan Provisoire - 50 évènements de l'histoire récente en 50 tableaux", l'Espace Niemeyer s'apprête à accueillir une immersion saisissante dans le tumulte de notre époque. À travers ses pinceaux, Kiki Picasso dévoile un regard unique sur notre monde contemporain, invitant chacun à réfléchir sur le chemin parcouru au cours des dernières décennies. Cette exposition promet d'être bien plus qu'une simple rétrospective ; elle sera un véritable manifeste visuel, un témoignage vibrant de notre histoire en mouvement.
La reco du Plug : Bilan Provisoire - 50 évènements de l'histoire récente en 50 tableaux de Kiki Picasso, du 4 Avril au 7 Mai 2024 à l’Espace Niemeyer.
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