Marseille ou le port qui fut, entre le XIXe et le XXe siècle, la capitale maritime de l’empire colonial français.
Découvrez les méandres de l'histoire de Marseille, où les statues et monuments coloniaux deviennent les témoins silencieux de controverses et de débats brûlants. Ces structures autrefois glorifiées comme symboles de puissance et de domination coloniales sont désormais scrutées sous un nouveau jour, révélant les ombres et les nuances de notre héritage colonial.
Dans cet article, nous explorerons les ramifications de ces monuments, leur impact sur le tissu social et culturel de la ville, et les efforts entrepris pour les décoloniser.
La gare Saint-Charles, vestige de l'empire colonial
La construction de l’escalier de la gare St Charles était en réalité prévue pour l’ouverture de l’exposition coloniale marseillaise de 1922.
L’exposition coloniale de 1922 à Marseille est la 5ème exposition coloniale organisée en France et la deuxième organisée à Marseille. En effet, la première exposition coloniale marseillaise s’est déroulée en 1906. Elle a accueilli 3 millions de visiteurs venus au Parc Chanot découvrir tous les peuples de l’empire. L’escalier de la gare Saint Charles a donc été construit afin d’accueillir tous ces visiteurs. Toutefois il n’a été achevé qu’en 1927, cinq ans après l’exposition coloniale.
Après la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis le 25 mai 2020, le mouvement Black Lives Matter a connu un regain d’intérêt en Amérique du Nord et en Europe. Pour l’occasion deux statues de l’escalier de la gare St Charles ont été taguées. Effectivement, les statues « Les colonies d’Afrique » et « Les colonies d’Asie » ont été marquées à la peinture rouge des inscriptions "Les colonisés d’Afrique/d’Asie nikent la France" le 30 juin 2020.
Le square Léon Blum, entre hommage et occultation de l'histoire coloniale
Ce monument érigé en mémoire des « enfants des Bouches du Rhône » morts pour la France lors de la guerre contre la Prusse de 1870-1871 a une particularité sur l’une de ses faces…
Au-delà de rendre hommage aux soldats bucco-rhodaniens morts durant cette guerre, une des plaques du bâtiment fait référence au "45ème Régiment de Marche" qui a maté "l'Insurrection Arabe de la Province de Constantine" de 1871 en Algérie française. Cette insurrection fait référence à la grande révolte populaire de Kabylie dirigée par le cheik El Mokrani. Probablement plusieurs dizaines de milliers d’algériens ont été tués durant cette opération.
Ce bâtiment demeure pourtant le lieu de commémoration des victimes de la Première et de la Seconde Guerre mondiales encore aujourd’hui à Marseille. Toutefois, il n’est pas précisé sur ce monument que des tirailleurs algériens, des tabors marocains et des soldats tunisiens ont participé à la Libération de la ville de Marseille en 1944.
Quelques plaques leur rendent hommage dans la ville mais elles sont trop rares et pas assez visibles.
Vers une réinterprétation des statues et monuments coloniaux à Marseille
Repenser les statues et monuments coloniaux ouvre un champ d'exploration fertile vers une décolonisation de l'espace public.
Plusieurs solutions sont envisageables :
Ajouter une plaque explicative à côté des statues et monuments coloniaux ?
Déboulonner le monument des mobiles en haut de la canebière (ou bien uniquement la plaque) /les statues de l’escalier de la gare St Charles et les mettre dans un musée où la dimension coloniale sera mieux expliquée ?
Remplacer la plaque sur le Monument des mobiles par une autre qui rend hommage aux soldats maghrébins morts pour la France ?
Pourquoi pas même construire une statue à Marseille en l’honneur soldats maghrébins qui ont aidé à libérer Marseille en 1944 ?
Nous vous invitons à partager vos idées et à participer à ce débat crucial dans les commentaires.
La reco du Plug : Livre le Guide du Marseille colonial aux éditions Syllepse
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