Love lies bleeding (2024) se déroule avec pour toile de fond l’univers homo-érotique de la musculation. Lou travaille dans une salle de sport au Nouveau-Mexique. Sa vie est tout à fait monotone jusqu’au jour où débarque une nouvelle arrivante, Jackie, pleine d’ambition : elle espère remporter son premier concours de bodybuilding à Las Vegas, à une époque où ce milieu ne s’est ouvert aux femmes que depuis quelques années. C’est le coup de foudre entre ces deux femmes aux tempéraments bien différents. Seulement, la famille de Lou ne va pas faciliter les choses…
Amour, mensonge et sang : ce sont en effet les trois thématiques qui animent ce film durant 1h44. Les noirs secrets que l’on aimerait garder enfouis resurgissent toujours à la surface, et les actes sanglants que l’on peut commettre par amour (familial ou romantique) sont au cœur de l’intrigue. Le fantastique vient aussi faire son apparition, symbolisant chez Jackie le retour de bâton de toute cette violence masculine.
Que ce soit dans le rapport entretenu avec son propre corps surentraîné dans le milieu du bodybuilding, dans les relations toxiques conjugales où la femme continue malgré les coups reçus à vouer un amour éperdu envers son conjoint ou encore dans les règlements de compte d’un propriétaire malsain, la violence est le fil conducteur de ce film noir haletant. Quelle place peut alors prendre l’amour au milieu de tout ça ?
C’est un film nécessaire, l’imaginaire érotique et romantique lesbien étant bien souvent soumis à des représentations fantasmées de la part d’un public masculin avec une vision biaisée et irréaliste. Cela se confirme avec l’événement de l’avant-première au Festival international du film fantastique de Bruxelles en avril 2024, où des dizaines de femmes quittèrent la salle à la suite de commentaires, d’insultes lesbophobes ainsi que de violences physiques de la part d’hommes et commencèrent à manifester pour arrêter la projection. La réaction tardive du festival et l’impunité laissent à penser qu’il est encore controversé en 2024 de proposer cette vision du lesbianisme hors de l’assujetissement au male gaze.
J’ai aimé ce film, qui tient en haleine du début à la fin. Dans une ambiance 80s et white trash avec une colorimétrie nous plongeant totalement dans cette décennie, Lou - interprétée par Kristen Stewart - et Jackie - interprétée par Katy O’ Brian - crèvent l’écran avec leur relation explosive. La représentation lesbienne réaliste qui est faite au travers de ce couple n’est pas pour autant le seul sujet traité ici. Les problèmes familiaux, la jalousie, la culture pro-arme américaine sont aussi au coeur de l’histoire. Ce deuxième long-métrage de la réalisatrice Rose Glass est une réussite, et je conseille de suivre la suite de son parcours de très près !
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