Après les bombardements aériens de 1944, la ville du Havre se retrouve détruite à 82%. L’architecte Auguste Perret est alors sollicité pour reconstruire la ville, utilisant principalement du béton armé. La ville devient un exemple remarquable de l’urbanisme d’après-guerre, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui nous allons nous pencher sur un bâtiment particulièrement représentatif de cette architecture si spéciale : l'église Saint-Joseph, où le béton rencontre la spiritualité.
Le 5 septembre 1944, l’église gothique Saint-Joseph du Havre tombe sous les bombardements, en même temps que la quasi-totalité de la ville. Une fois la guerre terminée, le besoin de reconstruire cet édifice religieux s’impose. Auguste Perret, responsable du reste de la ville, est également mandaté. Il a déjà conçu en 1923 la “Sainte-Chapelle du béton armé”, Notre-Dame du Raincy. Saint-Joseph du Havre va également être un modèle de sobriété et de monumentalité.
Sa tour-lanterne, laissant pénétrer la lumière dans l’édifice est probablement un de ses éléments le plus emblématique. Elle se dresse tel un phare de 107 mètres de hauteur, visible à des dizaines de kilomètres en mer. Elle représente aussi une stèle en mémoire des disparus lors des bombardements. A l’intérieur, le regard est ainsi totalement absorbé par le ciel, par la hauteur.
Cela est encouragé par le travail fait sur le verre. Les vitraux invisibles de l’extérieur sont en effet la pièce maîtresse de ce bâtiment. Désignés par Marguerite Huré, ces 12768 verres colorés ont des teintes qui s’éclaircissent en allant vers le sommet de la tour. La colorimétrie diffère aussi de l’est du bâtiment, représentant l’aube avec des couleurs froides au sud, rougeoyant comme en milieu de journée jusqu’à l’ouest et le coucher du soleil avec des teintes rosées. Le nord, où le soleil ne passe pas, est teinté de rouge profond et de lilas.
Symbole de modernité, l'église Saint-Joseph reconstruite après la Seconde guerre mondiale est un des deux seuls sites normands avec le Mont-Saint-Michel à avoir obtenu le label Unesco. Il est aussi classé dès 1965 Monument historique. Cette dernière œuvre du grand architecte Perret est bien plus qu’une église, c’est le symbole de la renaissance de la ville tout en conservant cette mémoire douloureuse.
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