Elvis Presley ou Taylor Swift y sont passés avant de connaître le succès mondialement.
“Country music isn’t a guitar, it isn’t a banjo, it isn’t a melody, it isn’t a lyric. It’s a feeling”. - Waylon Jennings
"La musique country, ce n'est pas une guitare, ce n'est pas un banjo, ce n'est pas une mélodie, ce n'est pas des paroles. C'est un sentiment"
Cette citation de Waylon Jennings, auteur-compositeur et interprète de country, nous permet d’amorcer un début de compréhension de ce style si particulier et si exotique qu’est la country, succès commercial gigantesque outre-Atlantique mais dont nous n’en connaissons finalement pas beaucoup.
Si la capitale de la country est Nashville, la richesse de la country découle d’une rencontre de traditions externes : yodel suisse, valse et polka d’immigrants slaves et germaniques, dialectes amérindiens et d’esclaves noirs et gospel. Des instruments africains vont également s’implanter tel que le banjo, et quant à la guitare, elle vient de Cuba. Elle est une réflection directe de l’identité américaine loin d’être pure mais enrichie par son cosmopolitisme.
L’authenticité est le maître-mot de la country, du moins sa volonté la plus précieuse. Cette authenticité est exigée par ce public chez les artistes, dont les paroles doivent refléter un certain vécu qui entre en résonance avec le leur. L’attachement au terroir se reflète dans des formules-phare telles que “Stay Country !” ou “Back to the roots”. L’esprit communautaire émerge ainsi de cette connivence entre auditeurs et artistes.
Si l’orientation politique de la country est a priori plutôt conservatrice, des figures progressistes se distinguent. Ainsi, Johnny Cash, qui a par exemple écrit The Ballad of Ira Hayes, qui évoque un ancien héros amérindien mort oublié de tous et s’étant battu pour que les radios country diffusent son titre. Aujourd’hui, des personnalités telles que Maren Morris existent, chanteuse country ayant pris positions pour les droits des minorités sexuelles
La country est malheureusement marquée par une profonde misogynie : par exemple, la coutume pour une radio country est de ne jamais diffuser deux chansons d’artistes féminines d’affilée pour ne pas “énerver les auditeurs”, et pour le cas unique d’une Dolly Parton couronnée de succès, beaucoup de femmes ne voient jamais leur carrière décoller car ne convenant pas aux producteurs. On peut citer le cas de Linda Martell, pionnière afro-américaine à une époque où les charts étaient dominés par les hommes blancs et dont les vagues de discrimination ne lui permettent pas d’avoir le succès mérité, et à qui aujourd’hui Beyoncé rend hommage.
Le cas de la chanson Old Town Road de Lil Nas X en 2018 illustre toutes les contradictions du monde de la country. Bien que présentant des éléments country, il n’en réunit pas suffisamment d’après le Billboard pour l’intégrer au classement de la catégorie country. Il est pourtant en featuring avec une star du genre, Billy Ray Cyrus et adopte dans le clip des vêtements traditionnels de l’univers des cow-boys (veste à franges, bottes et chapeau à larges bords), mais le problème sous-jacent demeure très probablement ses origines africaines, son homosexualité revendiquée et sa classification originelle en tant que “rappeur”.
Le morceau reste 17 semaines en tête des ventes, constituant ainsi un nouveau record et détrônant Mariah Carey : malgré ses détracteurs, ce succès énorme prouve encore une fois que la country ne fait que renaître de ses cendres et qu’elle parvient à générer de nouveaux auditeurs et à inspirer de nouvelles générations avec enthousiasme, dans le cas où la sortie de codes prédéfinis et rigides est possible. Tous les jours, des nouveaux artistes se lancent, venant bouleverser les codes et s’approprier ce genre si populaire et si typiquement américain.
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