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Arsène T.

Le Sample : Juste une minute

Bienvenue dans « Le sample ». Ces chroniques auront pour objectif de décortiquer des morceaux tous styles confondus, portant dans leurs structures un sample ! Le but étant de vous faire découvrir en premier temps deux morceaux différents pour ensuite vous réveler les secrets cachés derrière ce sample.


Pour cette première chronique nous allons décortiquer le morceau « Juste une minute » du maitre Belge en matière de RnB : Hamza !


Si on se penche aujourd’hui sur ce morceau de Hamza c’est parce qu’il porte une histoire musicale particulièrement intéressante ! « Juste une minute » est un titre important car il compte parmi les 14 titres du projet « 1994 ». Un projet phare de la mise en lumière de l’artiste.


Sortie en 2017, cette mixtape sort à l’heure où le rap Belge commence enfin à faire figure d’autorité sur le rap francophone. La musique d’Hamza se démarque avec une approche très américaine dans sa façon de lier le rap et le RnB avec des mélodies entremêlées de couplets plus rappés.


« Juste une minute » est produit par le beatmakeur phare d’Hamza : Ponko. Producteur venant apporter le détail qui nous intéresse : le sample utilisé ! Bien que modifié pour le morceau, on peut distinguer les notes que chante le oud ou la derbouka faisant résonner un classique de la musique arabe : « Ya Rayah ». Titre reconnu par la reprise iconique de l’artiste Rachid Taha mais l’origine de ce morceau se creuse davantage car il a été écrit par un pionnier de la musique traditionnelle algérienne : la légende Dahmane el Harrachi.





Rachid Taha et la reprise révélant le morceau ! 



Rachid Taha est un chanteur Franco-Algérien, symbole - avec son groupe Carte de séjour - d’une musique fusion et militantiste durant les années 80 en France. Une musique fusion car il choisit le rock pour se mêler aux sonorités rai et chaabi créant un style bien à eux, le Rock N Rai. Cette musique va porter comme thématiques l’immigration et les banlieues dans les années 80. Vent de fraicheur pour la musique de l’époque de par les sonorités appréhendées et également par les thématiques abordées.


Belle carrière pour Rachid et son groupe, celle-ci grandissant (pour Rachid en particulier) après l’idée de reprendre ce fameux morceau du folklore algérien « Ya rayah » révélant en 1997 ce titre aux yeux du monde, devenant un symbole en Europe et même aux USA pendant plusieurs années. Mais ce titre trouve son origine dans la musique arabe…





Un morceau d’Algérie



Dahmane El Harrachi est un chanteur et musicien Algérien de musique traditionnelle (Chaabi) des années 60. Né en Algérie à El Biar en 1926, il s’installe en métropole en 1949. C’est au fil de ses ballades qu’il chante son répertoire Chaabi dans les cafés magrébins de la capitale. Il puise dans ses origines et dans son exil en France pour écrire ses chansons. Ses morceaux sont majoritairement chantés en Darija, dialecte commun au Maghreb permettant une compréhension majoritaire, ce qui apporte la touche populaire à sa musique. Ce qui n’enlève pas à la poésie apportée dans les textes de l’artiste.


La musique Chaabi, qui se traduit en « populaire », représente une musique du peuple. Elle porte comme influences des consonances Arabo-andalouse et découle textuellement de la poésie arabe (aussi appelé Melhoun). Née à Alger, ce genre traverse les périodes et évolue jusqu'à arriver à une forme plus moderne dans les années 60. Les sonorités du Chaabi se distinguent grâce à de nombreux instruments tels que des percussions comme la derbouka ou la Tar mais aussi avec la mandole algérienne ou le Banjo. Ses thématiques populaires se lisent dans les textes des piliers moderne du genre comme : Mohamed el Badji et le fameux Dahmane el Harrachi.





Histoire et symbolique de de « Ya Rayah »


Malgré son ambiance dansante aux premiers abords, le morceau se drape dans les textes d’une texture nostalgique… Traduit littéralement en « toi qui t’en va », Dahmane y chante l’exil (son exil personnel en France et l’exil en général).


Il décrit que derrière son voyage vers l’ailleurs, l’appel du pays résonne et explique qu’on finit toujours par rentrer : « ا الرايح وين مسافر تروح تعيا وتولي » - « O toi voyageur, ou que tu ailles, tu finiras par revenir ». Ya rayah se présente alors comme une sorte de mise en garde aux candidat/e/s à l’exil : « شحال ندموا العباد الغافلين قبلك وقبلي » - « Combien ont regretté d’être partis ».


Cette signification résonne alors d’autant plus avec les sujets que Rachid Taha portera avec ses chansons 20 ans plus tard.





Là où le rap actuel embrasse la musique arabe !


Depuis la sortie du morceau de Hamza, 7 ans sont passés et aujourd’hui nous observons une fusion réjouissante dans le rap Français. Une génération de rappeur originaires d’Afrique du nord se font remarquer autant par leurs manières de rapper, fusionnant le Français et le Darija par exemple, que par les samples et la volonté d’ajouter des instruments traditionnels aux instrumentales avec comme exemple fort : Tif, Zamdane, Elgrandetoto.



Tandis que Rachid Taha fusionnait il y a 30 ans différents styles (rock, rai...), la fusion se retrouve aujourd’hui dans le rap avec cette génération prometteuse qui pour la majorité raconte leur exil en France faisant revivre d’une autre manière le classique intemporel de Dahmane et Taha !

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