L’insoutenable légèreté de l’être est un roman de l’auteur naturalisé français Milan Kundera. Cet ouvrage qui s’inscrit dans la tradition européenne du conte philosophique emploie les personnages de Tereza, Tomas, Franz et Sabina ainsi que du chien Karénine comme terreau pour développer ses idées sur l’absurdité de l’existence, de l’amour et des grandes illusions politiques. Il est adapté à l’écran en 1988 par le réalisateur américain Philip Kaufman avec Daniel Day-Lewis et Juliette Binoche.
Qui était Milan Kundera ?
Milan Kundera est un des romanciers européens les plus importants du vingtième siècle.
Né en 1929 en Moravie (ancienne Tchécoslovaquie) et mort le 11 juillet 2023 à Paris, son œuvre constitue tout d’abord un motif d’exclusion du Parti communiste tchécoslovaque par sa dénonciation du régime, puis provoque la déchéance de sa nationalité tchèque.
Ce grand francophile s’installe en France, terre d’exil et obtient la nationalité française en 1981. Il utilise exclusivement le français pour ses romans à partir de 1993.
Disparu en 2023 à 94 ans, ce défenseur de la fiction qui affirmait que le roman est l’espace où tout jugement moral est aboli n’a eu de cesse de mêler la plaisanterie (sic), le jeu avec des réflexions et des thèmes existentiels.
Analyse de l'oeuvre
L’insoutenable légèreté de l’être, publié en 1984, est probablement son roman le plus connu. Il prend comme idée de départ le concept de l’éternel retour développé par Nietzsche : si on devait ce soir faire le bilan de notre vie, il y a fort à parier que l’on préférerait retourner au néant plutôt que de revivre à l’infini dans les moindres détails la vie que nous avons menée jusqu’ici. Ainsi, toute existence devient de facto absurde, mais également bien plus légère : “peut-on condamner ce qui est éphémère ?” nous demande Kundera.
Ce dernier se sert dans ce livre d’une histoire prenant pour cadre le Printemps de Prague en 1968 et l’invasion de l’URSS en Tchécoslovaquie. Nous rencontrons Tomas, chirurgien dans la cinquantaine et Tereza, serveuse de province. Celle-ci débarque dans sa vie et réussit à rentrer dans sa “mémoire poétique” : il en tombe profondément amoureux. Seulement, c’est plus fort que lui : Tomas continue à être obsédé par la quête de ce que chaque femme a de spécifique, ce qui vient heurter la jalousie effroyable de Tereza.
Ce que ce livre a de spécial, est qu’il est simultanément un roman, nous présentant un récit fictif prenant pour cadre des événements historiques bouleversants du vingtième siècle propres à l’histoire personnelle de Kundera, mais également un essai. Le récit se déroule entremêlé par cette réflexion philosophique tout le long. L’auteur lie souvent grande et petite histoire, accolant le même rôle de la métaphore dans la naissance d’un amour, mais aussi dans celle d’un empire. Le rappel que la vie n’est faite que de coïncidences d’autant plus hasardeuses qu’elle est à la fois l’esquisse et le tableau.
Je considère ce roman comme un de mes ouvrages préférés. Chaque phrase est un bijou de poésie littéraire, et certains passages sont devenus cultes, tels que “On ne badine pas avec les métaphores. L’amour peut naître d’une seule métaphore.”
Malgré son statut de roman phare d’une génération, Kundera déclarera pourtant en 2002 “Ce roman n’est ni meilleur ni pire que les autres. (…) Je déteste les best-sellers, et je crois que ce roman ne mérite pas cette étiquette honteuse".
Comments