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La Critique : Conclave (2024)

Un thriller politique sous tension au cœur du Vatican


Focus Features, CONCLAVE - Official Trailer (HD) - Only In Theaters October 25, 18 juillet 2024


Le 4 décembre 2024 sortait Conclave, le nouveau film du réalisateur allemand Edward Berger. Avec une esthétique éblouissante et une intrigue captivante, ce huis clos de deux heures nous plonge dans les coulisses du Vatican avec une justesse remarquable. Porté par un Ralph Fiennes magistral (comme à son habitude) et un casting qui insuffle une atmosphère de tension et de mystère, ce thriller politique mérite amplement d’être (re)découvert.




Une immersion au cœur du Vatican


Le film nous entraîne au sein d’une élection papale sous haute tension. Adapté du roman de Robert Harris, Conclave se déroule dans l’enceinte sacrée de la chapelle Sixtine, où 118 cardinaux du monde entier se réunissent pour élire le successeur du pape défunt. Derrière les prières et les rites millénaires, un jeu d’influences redoutable se met en place.


Au centre de l’intrigue, le cardinal Lomeli, maître de cérémonie du conclave, se retrouve malgré lui dans le rôle d’arbitre d’une lutte de pouvoir où alliances et trahisons rythment chaque scrutin. Alors que la fumée blanche tarde à s’élever, un secret explosif menace de bouleverser l’élection… et l’avenir de l’Église catholique.

Edward Berger, pour “Conclave”
Edward Berger, pour “Conclave

Un thriller sublimé par Edward Berger


Bien sûr au-delà de son histoire très intrigante et des nombreux mystères et conspirations que l’on découvre peu à peu en pénétrant les secrets du Vatican, le film est sublimé par le talent de Edward Berger qui nous propose une esthétique magnifique. Le réalisateur allemand n’en est pas à son coup d’essai, avec déjà de nombreuses récompenses il s’inscrit grâce à "Conclave" un peu plus sur le devant de la scène internationale.


Il débute sa carrière en travaillant pour la société de production indépendante américaine Good Machine, où il collabore sur des films d'Ang Lee et de Todd Haynes. Il se fait surtout remarquer avec le film "Jack" en 2014, qui est présenté en compétition à la Berlinale et reçoit le prix du meilleur film au Festival du film de Lünen. En 2015, il co-réalise la série télévisée "Deutschland 83", qui remporte un International Emmy Award. Il dirige également la mini-série "Patrick Melrose" en 2018, saluée par la critique et récompensée par un BAFTA Award de la meilleure mini-série. Et en 2022, il s’envole en réalisant "À l'Ouest, rien de nouveau" (All Quiet on the Western Front), une adaptation du roman d'Erich Maria Remarque. Le film est acclamé internationalement, remportant notamment l'Oscar du meilleur film international et sept BAFTA Awards, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Avec ce bagage-là, Edward Berger était donc dans les meilleurs conditions pour réaliser un film très profond psychologiquement et avec une magnifique tension narrative.


Et comme prévu, "Conclave" n’a pas tardé à rafler les distinctions : quatre prix aux British Academy Film Awards, dont celui du meilleur film, un Golden Globe du meilleur scénario, ainsi que huit nominations aux Oscars, remportant celui du meilleur scénario adapté. Avec plus de 70 prix pour plus de 300 nominations, le film a marqué l’année 2024. On regrette toutefois l’absence de récompenses pour Ralph Fiennes et la meilleure photographie, tant son jeu et l’esthétique du film étaient remarquables.




Une esthétique époustouflante


Effectivement ce qui marque le plus dans ce film au-delà de l’enquête et de l’atmosphère remplie de conspiration, c’est son esthétique envoûtante. Chaque plan est soigneusement composé, rappelant des tableaux de la Renaissance, avec des couleurs feutrées et une lumière tamisée qui accentue l’atmosphère mystérieuse du Vatican qui nous mène à penser qu’on regarde l’un des plus beau films de 2024.


Edward Berger pour Conclave
Edward Berger pour Conclave

On peut logiquement remercier l’ambiance déjà très visuel des décors, plongé au cœur de Rome et dans des reconstitutions de la chapelle Sixtine et de la résidence Sainte-Marthe. Mais aussi les costumes typiques de la papotée, une prédominance du rouge dans l’accoutrement de tous ces acteurs apporte une symbiose et un coté dramatique qui vient souvent rompre avec des décors monochrome. Au visionnage, on peut profiter de tableaux à chaque scène, des prise de vues sublime, des couleurs feutrées qui plantent l’ambiance très calme du Vatican et la tension durant ce conclave.


Edward Berger pour Conclave
Edward Berger pour Conclave




Un jeu de pouvoir captivant


Sur le plan narratif, Conclave explore avec brio les enjeux politiques et les luttes d’influence qui se déroulent en coulisses. Loin d’un simple huis clos religieux, le film dépeint une véritable bataille pour le pouvoir, où alliances secrètes et sabotages viennent rythmer le récit. On découvre également des personnages avec des visions très différentes de l’église, la volonté de rompre avec une approche très patriarcal et raciste et imposer une position beaucoup plus libérale pour certain où alors de garder une vision extrêmement traditionnel de l’église. Sans spoiler, la fin amène un plot twist très intéressant de manière cohérente avec le reste de l’histoire sur ce thème d’une certaine libération de l’église.


Le plus intéressant est comment le film jongle aussi avec l’hypocrisie des personnages et comment lorsque l’on instaure une quête de pouvoir, même les plus pieux sont prêt à tout pour y accéder. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Conclave n’est jamais statique ni prévisible et on n’assiste pas seulement à un film plat qui suit juste une longue réunion de cardinaux. Chaque retournement de situation relance l’intrigue, tenant le spectateur en haleine jusqu’à la dernière minute. Le tout sublimé par la musique très orchestrale qui nous immerge totalement dans les montées de stress et de tension et évidemment le travail des acteurs qui apportent un jeu parfaitement juste. Ralph Fiennes en devient magistral dans sa manière de jouer ce cardinal qui se retrouve au centre de toutes ces tensions et oscille parfaitement entre le coté calme mais stressé de son personnage qui voit ce conclave prendre des proportions démesurés dans la quête du pouvoir et de tous les coups dont sont capable ces cardinaux.


Edward Berger pour Conclave
Edward Berger pour Conclave


Pour finir Conclave c’est sans doute LE film de 2024. Edward Berger réalise un sans-faute en nous proposant cette enquête visuelle remplie de tension et de retournement de situation. En abordant un sujet de l’église assez tabou et en proposant une fin choc qui nous montre bien qu’il ne traite pas le sujet qu’à moitié. Le film est disponible le 4 avril en VOD, c’est le moment parfait pour se plonger dans ce chef d’œuvre de tension, de twist et d’esthétique.



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