La Critique : OO DELÀ de OORALISE

OORALISE, rappeuse franco-malgache installée à Genève, explore des univers sonores allant de la trap à la two-step en passant par l’hyperpop. Autrice et productrice autodidacte, elle puise son inspiration dans la science-fiction dystopique et ses profondes racines culturelles malgaches. Ses textes, entre autobiographie, métaphores et egotrip, invitent à un voyage introspectif unique, une quête qui résonne avec les expériences de chacun.

OO DELÀ, le nouvel EP d'OORALISE, dévoile une artiste en pleine affirmation de son identité musicale et personnelle. À travers quatre titres portés par des prods d'Azerka et le mix/master de F7, elle explore des univers sombres et nostalgiques, marqués par des kicks puissants et une maîtrise incisive des mots et des flows. Entre détermination et résilience, cet opus invite à dépasser les limites du tangible pour plonger dans une quête introspective et poétique.

OO DELÀ, de OORALISE

Une expérience immersive

Le projet OO DELÀ d’OORALISE offre une expérience musicale immersive et profondément introspective, où l’artiste combine audace et émotion. À travers quatre morceaux captivants, elle déploie une palette sonore éclectique mêlant trap, hyperpop et influences électro, soutenue par la production pointue d’Azerka et le mix de F7.

Les transitions soignées entre les pistes traduisent une cohérence conceptuelle, tandis que ses textes — riches en images et en métaphores — abordent des thèmes universels comme la résilience, la quête identitaire et la complexité des relations humaines. Les morceaux, portés par une performance vocale authentique, explorent des émotions intenses, notamment dans Vaisseau Mère, marqué par des récits personnels bouleversants.

OO DELÀ est bien plus qu’un simple EP : c’est une invitation à dépasser les apparences et à plonger dans une introspection poétique, portée par des sonorités innovantes et un storytelling puissant. Une œuvre introspective résolument tournée vers l'avenir.

Une performance saisissante

Sur OO DELÀ, OORALISE livre une performance saisissante, mêlant maîtrise technique et authenticité émotionnelle. Sa voix, tantôt posée, tantôt percutante, épouse parfaitement les ambiances variées de l’EP, renforçant à chaque instant la puissance des récits qu’elle propose.

Son flow agile s'adapte aux sonorités éclectiques, passant des rythmes trap à des envolées plus introspectives. Chaque mot, choisi avec soin, porte une intention précise, traduisant des expériences personnelles profondes avec une sincérité désarmante. Dans Nec + Ultra, par exemple, son écriture incisive reflète son tiraillement entre musique et études, tandis que dans Vaisseau Mère, elle explore des émotions complexes liées à des épreuves familiales et sociales, capturant l’auditeur par la justesse de ses interprétations.

Cette performance ne se limite pas à l’écriture et à la voix : OORALISE excelle aussi dans l’art de transmettre une énergie palpable, rendant chaque morceau vivant et marquant. Sa capacité à transformer des récits autobiographiques en expériences universelles fait de OO DELÀ une œuvre aussi introspective qu’inspirante.

Une fusion audacieuse

La singularité d’OO DELÀ d’OORALISE réside dans sa capacité à fusionner des sonorités variées avec une narration profondément introspective, le tout servi par une identité artistique affirmée. Cet EP propose une expérience immersive où chaque piste s’enchaîne harmonieusement, formant un récit cohérent qui transporte l’auditeur au-delà des simples compositions musicales.

Ce projet se distingue par ses textures sonores éclectiques – mêlant trap, influences électroniques et rythmiques mélancoliques – qui offrent un terrain de jeu idéal pour les textes ciselés et métaphoriques de l’artiste. Les thèmes abordés, tels que la quête identitaire, les défis personnels, ou encore la résilience face aux épreuves, confèrent une profondeur rare et universelle à l’ensemble.

OORALISE y insuffle également une dimension émotionnelle saisissante. Ses mots vibrent d’une authenticité brute et d’une charge émotionnelle palpable. L’innovation dans les sonorités et la sincérité de l’écriture font d’OO DELÀ une œuvre singulière et audacieuse, à découvrir pour ceux qui cherchent une musique à la fois introspective et percutante.

Rencontre avec l’artiste

On a eu la chance d'échanger avec OORALISE à l’occasion de la sortie de son second projet OO DELÀ, pour discuter de son parcours, de ses inspirations et de ses ambitions artistiques.

En 2023, tu as participé à la finale nationale de Rappeuz et on a pu te voir dans le Cypher. Comment t’as vécu cette expérience ?

C’était une expérience incroyable. J’y ai fait d’excellentes rencontres. La finale de Rappeuz a eu lieu quelques mois seulement après la sortie de mes premiers sons donc c’était incroyable. Charlotte et Gauthier, les organisateurs du concours, nous ont ensuite booké sur un séminaire avec Némir. Et donc même l’expérience après le concours était magique.

Tu t’es installée à Genève pour commencer ta carrière musicale. Est-ce que c’est une ville qui t’inspire ou qui t’aide à t’épanouir dans ton art ?

Oui, je me suis installée à Genève pour poursuivre mes études artistiques et aussi pour la musique. J’écoutais beaucoup d’artistes de la scène genevoise. C’est une ville dans laquelle j’ai fait énormément de bonnes rencontres, c’est une ville dans laquelle j’ai pu m’épanouir artistiquement.

Ton premier projet a connu pas mal de succès. Est-ce que t’as ressenti une pression pour ce projet ?

Non pas vraiment. Je suis une jeune artiste donc je ne ressens pas encore de pression. Je sors les sons que j’ai envie de sortir au fur et à mesure et puis ça me permet aussi de voir ma progression.

Tes morceaux témoignent d’une identité très affirmée. Comment décrirais-tu ton style musical en quelques mots ?

authentique, rap/essence du hip-hop, avec des influences jazz, electro tech parfois

OO DELÀ c’est un titre intrigant. Quelle est la signification derrière ce nom ?

OORALISE c’est l’anagramme du mot solaire et les 2 O sont une référence au chiffre 8 qui est un chiffre très important pour moi. On retrouve donc ce chiffre 8 dans le titre de l’EP. Et puis OO DELÀ c’est une invitation à se surpasser, à dépasser les frontières.

Dans ton morceau Nec + Ultra, tu dis : “Une mascarade entre la zic et mes études, J’ferai mieux d’aller vers la quiétude”. C’est quoi la quiétude pour toi : la musique ou les études ?

Ma quiétude c’est plutôt la musique, même si je suis sur la fin de mes études là je passe mes examens prochainement. La musique me permet de toucher les gens, de faire d’autres rencontres. Je pense que ce qui m’apaise au final c’est de faire de la musique et de la faire évoluer, même si c’est une vie qui est rapide et assez énergique. C’est clair qu’aujourd’hui les études ça me fane un peu, mais c’est la dernière année. j’ai mon diplôme à la fin de l’année donc ça devrait être cool

Dans Vaisseau mère, tu explores beaucoup de thèmes profonds, comme le destin ou ton rapport à la société par exemple. Est-ce que tu vois la musique comme une catharsis ?

Ouais grave. Le rap ça m’a grave sauvée quelque part puisque ça m’a permis de mettre des mots sur plein de choses que j’ai vécues et comme je disais par essence aussi c’est ce que représente pour moi le hip-hop : dire vraiment ce qu’on vit, ce qu’on voit, ce que les autres vivent et je trouve que c’est quelque chose qui rassemble. Et moi ça me fait du bien de me dire qu’à travers mes musiques, mes textes que certaines personnes vont capter - ou pas, ça peut avoir cet effet de rassemblement et de compréhension de la société autrement que telle qu’on va la voir à la télé, dans les médias, dans notre vie de tous les jours avec nos métiers. C’est vraiment thérapeutique pour le coup.

Y a-t-il un ou plusieurs morceaux qui ont été particulièrement difficiles à écrire ou à produire ?

Je pense à Vaisseau Mère qui n’a pas été le plus compliqué à écrire mais plutôt qui m’a demandé le plus d’énergie au mix parce que je voulais vraiment qu’il ressorte presque plus parfait que les autres. Effectivement, dans ce titre, j’aborde des choses que j’ai vécues dans l’année qui ont été assez compliquées comme ma maman qui a été hospitalisée pour une intervention assez importante au coeur, donc je suis passée par pas mal d’émotions. En fait, le vaisseau mère pour moi ça représente à la fois ma maman mais aussi ma tête et toutes ces émotions qui ont pu rester et ce que j’ai gardé de tout ça. Et, il y a aussi un évènement que je raconte dedans qui s’est passé l’année passée, où je gardais une petite dans une famille très très aisée à Genève et en fait ça m’a appris vraiment énormément de choses comme ça a été presque la pire expérience de ma vie. J’ai vécu des trucs vraiment pas ouf avec cette famille. Et donc voilà Vaisseau Mère c’est un peu un titre qui est hyper chargé en termes d’émotions et de ressentis. J’avais trop envie de le retranscrire au mieux, et je pense que c’est ça qui a été compliqué. Mais au final, je suis plutôt contente du résultat puisque je trouve qu’il a quand même quelques imperfections mais qui redonnent une authenticité assez cool.

Ton univers musical semble très visuel. Je pense notamment au clip de Falaise, extrait de ton projet d’Où vient le Soleil, ou à ton premier projet NEPTUNE qui était accompagné des clips de MAGMA et PLANET.FR mais il n’y aucun clip accompagnant OO DELÀ. Est-ce que c’était une volonté de ta part ou tu aimerais clipper tes morceaux à l’avenir ?

Ouais, en fait avec OO DELÀ, j’ai plutôt voulu miser sur des Reels sur Instagram donc en fait il y a un visuel par son. Il y a NEC+ULTRA qui était sorti, il y a un petit visuel pour Vipère, il y aura un visuel pour Vaisseau mère et probablement un pour Vraisemblance. C’était une volonté dans le sens où, comme je suis encore un artiste indépendante, j’ai pas énormément de budget. Mais aussi parce que j’avais envie que les gens entrent assez vite dans le vif du sujet. Je trouvais que le faire passer par les réseaux sociaux et les reels c’est quelque chose qui a plutôt bien marché avec NEC+ULTRA donc j’avais envie de tester un peu ce que ça pourrait donner. Mais je ne suis pas du tout fermée à l’idée, à l’avenir, de refaire d’autres visuels plus travaillés sous forme de clips parce que je pense que c’est pas parce que le projet est sorti que c’est terminé et que les morceaux ne vivront plus jamais. Donc là j’attend les retours et les propositions que je peux avoir par rapport à ça et d’autres choses naitront par la suite.

Avec OO DELÀ, tu as franchi une nouvelle étape. Quelles sont les prochaines ambitions pour ta musique ? Est-ce que tu voudrais à l’avenir travailler avec des artistes sur des feat ?

Déjà, j’aimerais jouer au maximum ces projets sur scène parce que j’ai pu constater qu’il y a vraiment quelque chose qui se créée et que c’est des musiques qui marchent plutôt bien sur scène parce que pour le coup ça raconte vraiment quelque chose et il y a des émotions qui se dégagent. Je ressens à chaque fois que le public est plutôt dedans. Donc pour 2025, c’est quelque chose que j’ai vraiment envie de faire de pouvoir jouer sur scène.

Après, j’aimerai continuer avec les formats un peu courts. Peut-être garder cet esprit d’EP et de petites histoires ou alors des singles qui racontent un storytelling au fur et à mesure que ça sort.

As-tu des dates de prévues prochainement ? Où est-ce qu’on pourra te voir sur scène ?

Il y a une extension de OO DELÀ qui va sortir avec un morceau en plus. Au départ, il y avait 2 morceaux que j’avais envie de sortir en bonus mais au final il y a un de ces deux morceaux qui marche très bien en single et vaut le coup justement d’être plus indépendant, avec peut-être un clip. Mais c’est un son que j’ai fait jusque là en concerts. Ce morceau s’appelle “ANNÉE FLEX” et en fait j’avais vraiment besoin de le sortir parce que ça fait plus d’un an que ce morceau il existe. Je trouve que cette année 2024 elle a tellement été riche que c’est grave le moment de le sortir, pour clôturer l’année. Ce single est sorti le 31 décembre pour faire table rase de ce qui s’est passé cette année et montrer que je serai présente en 2025. Justement, il y aura un deuxième single fin janvier, puis l’extension de OO DELÀ avec ces deux singles et 2 nouveaux sons courant février je pense.

Pour finir, quel est ton plus grand rêve ?

Je voulais grave bosser dans la scénographie au départ, donc j’aimerais un jour réaliser un concert avec un show, des visuels, des danseur.euses avec moi. Vraiment un truc très américain.

Sinon plus globalement, mon rêve serait de vivre de ma musique, voyager avec et collaborer avec des artistes un peu partout dans le monde parce qu’il y a vraiment cette notion d’itinérance et je pense que j’ai grave envie de partager ça. En gros, je dirais avoir de l’argent, voyager et pouvoir créer de la musique avec les gens que je rencontre.

Avec OO DELÀ, OORALISE s'affirme comme une artiste visionnaire, capable d'allier innovation sonore et profondeur émotionnelle. Ce projet transcende les genres pour offrir une expérience musicale authentique, portée par une voix et des textes qui résonnent durablement. Que vous soyez amateur de trap, d'hyperpop, ou tout simplement en quête de récits musicaux immersifs, cet EP saura éveiller votre curiosité et toucher votre sensibilité.

OO DELÀ, le nouvel EP d'OORALISE, est à découvrir sur toutes les plateformes.