Lors de son audition devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée Nationale le 19 mars dernier, la ministre de la culture Rachida Dati a vivement critiqué le financement "d’urgence" pour soutenir les écoles en difficulté financière et a évoqué la possible fermeture de certains établissements.
Dans son discours de réception du prix Aware Nouveau Regard, l’artiste Laura Huertas Millán, soulignait déjà le péril imminent qui plane sur les écoles d'art en France. L’école d’art de Valenciennes fermera ses portes en 2025, Chalon-sur-Saône n'accueillera plus de nouveaux étudiants, et nombreuses sont celles qui croulent sous le poids d'un financement toujours plus restreint.
Les paroles de la ministre de la Culture retentissent alors comme une onde de choc : "Il y a une jungle dans l’enseignement et la formation. J’ai d’ailleurs constaté qu’au ministère il n’y a pas de direction de l’enseignement et de la formation.", déclare-t-elle. À noter qu'une sous-direction des enseignements spécialisés et supérieurs et de la recherche existe bel et bien rue de Valois, dirigée par Denis Declerck au sein de la Direction générale de la création artistique (DGCA).
"Si certaines écoles doivent fermer, faute de moyens adéquats pour offrir un environnement d'apprentissage de qualité, alors peut-être est-ce inévitable." Une réflexion qui fait grincer des dents. Suite à ces propos, plusieurs écoles d'art territoriales ont amorcé leur révolte.
La veille de cette intervention, le 18 mars, l'Inter-organisation "Ecoles d'art et design en lutte" était enfin reçue par le cabinet de la ministre pour discuter des droits de scolarité des étudiants boursiers, du statut des enseignants et de diverses réformes. "Nous pensions avancer dans un dialogue constructif, mais nous avons été surpris par ces propos", déclare Florian Gaïté, co-secrétaire du Snéad-CGT et membre de l'Inter-organisation.
Le lendemain, c'est l'incompréhension totale. L'Andéa (Association Nationale des Ecoles supérieures d'Art) parle d'un "signal extrêmement préoccupant" et d'une "stupéfaction" face à "une méconnaissance flagrante des missions des établissements". Une constatation partagée par l'Inter-organisation, qui souligne le manque de clarté dans les propos ministériels. "Nous ne pouvons reprendre les discussions sans savoir quelles écoles sont concernées par ces fermetures", ajoute Florian Gaïté.
Dans un élan de solidarité, plusieurs écoles ont lancé "le Printemps des écoles d'art" avec des actions à travers la France, notamment au Mans, à Tours, Lyon et Chalon-sur-Saône. Il y a exactement un an, en mars 2023, de multiples écoles d'art avaient mené des manifestations pour dénoncer le sous-financement des écoles d'art territoriales.
Samedi dernier, Rachida Dati est revenue sur ses propos, en présentant la fermeture des écoles d'art territoriales non pas comme un objectif, mais comme un risque si tous les partenaires ne se mobilisent pas. Le flou persiste et les écoles réclament toujours une aide financière de l'État pour survivre.
Le ministère de la Culture prévoit un autre entretien avec l'Inter-orga en mai prochain. "Mais pour nous, les déclarations de la ministre ne ressemblent en rien à un dialogue social, c'est contradictoire", résume le représentant syndical, qui promet que d'autres initiatives verront le jour dans les semaines à venir.
Affaire à suivre…
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