Aujourd’hui nous allons, derrière un morceau de J Dilla, montrer l’influence du jazz dans la culture hip hop.
Le titre en question se nomme « Life ». C'est un morceau instrumental du beatmakeur américain J Dilla, qui a pour sample le morceau mythique de jazz « Blue and Green » de Miles Davis.
Un sample mythique
C’est le 17 aout 1959 que sort l’album « Kind of blue » du trompettiste Miles Davis. Un album ayant un retentissement important au sein de la musique jazz mais également au-delà, tellement qu’il est aujourd’hui considéré comme le plus grand album de jazz de tous les temps.
Ce projet est cité comme un album de jazz modal, c’est-à-dire un album sans accords concrets ni structure intégralement écrite, laissant libre court à l’improvisation et offrant une liberté importante que le trompettiste porte comme étendard de la couleur musical de son album et même plus largement, de son approche musicale.
Malgré cela, le projet ne s’est pas construit tout seul et Miles Davis regroupe une majorité de musiciens importants pour ce projet. Parmi eux, nous pouvons compter : les saxophonistes John Coltrane et Canonball Adderley, le pianiste Bill Evans ou encore le batteur Jimmy Cobb - formant un groupe le temps d’un album.
Miles Davis, lui-même symbole d’une musique fusion, était connu pour être un artiste avec un panel large cassant les codes classiques du jazz, allant sur de différents terrains comme le hard bop ou encore le jazz/rock fusion, qu’il parcourt derrière une discographie importante.
« Blue and green » est le troisième titre du projet. Il s’agit d’une composition initiale du pianiste Bill Evans joué pour l’album. Ce titre est parmi les plus importants du projet et office aujourd’hui de standard de jazz repris par de nombreux musiciens en tout genres.
Le sample aux origines du Jazz Hop
En 1997, un producteur de Detroit décide de sampler le morceau « Blue and green » pour son titre qu’il nommera « Life ». Il s’agit de J Dilla, de son vrai nom James Dewitt Yancey, qui figurait parmi l’un des fondateurs du Jazz hop - un courant mélangeant le jazz et le hip hop (avec comme autres fondateurs principaux : Nujabes, Madlib ou encore Pete rock).
Son approche musicale commence jeune via ses parents - sa mère étant chanteuse d’opéra et son père bassiste de jazz. Ce n’est que plus tard qu’il commence à collectionner les vinyles et se passionne pour la culture hip hop. C’est grâce à cela qu’il rencontre dans sa ville : T3 et Baatin les deux futurs membres de son groupe Slum Village.
Ce groupe lance au début des années 2000 l’apogée musicale de J Dilla, lui permettant de collaborer et de se rapprocher du collectif The Soulquarians (regroupant entre autres : Erykah Badu, D’angelo, Common etc.) montrant un éclectisme important ne s’arrêtant pas qu’au rap mais également à la soul et au R&B.
Son travail en termes de productions se caractérise par une grande utilisation de samples et notamment de sample de soul, funk et jazz créant un mélange fluide et important révolutionnant le groove hip hop.
Le fameux morceau Life au sample de Miles Davis est un titre prévu pour le duo Funky cowboys (duo composé de J Dilla et du rappeur Proof), malheureusement indisponible sur les plateformes aujourd’hui.
L’impact de cette instrumentale se retrouve également dans le rap français avec par exemple le freestyle Grünt de Luv Resval rappant avec mélancolie sur la production de J Dilla.
Le 10 février, la mauvaise nouvelle tombe : J Dilla meurt d’un arrêt cardiaque à l'âge de 32 ans, d'après l'annonce de sa femme.
Perte évidemment tragique ; L’artiste, ayant tant apporté à la musique et à cette culture, est aujourd’hui considéré comme une légende du rap américain pour son lot de productions mythiques et continue d’influencer les artistes du monde entier !
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