Petite digression aujourd’hui dans « Le Sample » car au lieu de parler d’un sample nous allons parler d’une cover d’album ! Le projet en question est celui du rappeur de Bruxelles Peet : « Todo bien ». Un artiste qui possède un large panier d’influences s’étendant jusqu'à la funk japonaise et c’est ce que nous allons voir aujourd’hui.
Peet rappeur décomplexé
Peet est un rappeur Bruxellois de 30 ans ayant commencé en collectif avec ses groupes Alma one et le 77.
Il s’émancipe en solo avec un premier projet nommé « Peate » sorti en 2017. Alors qu'avec ses groupes, il se laissait glisser sur une énergie plutôt crooneuse et portée par l’égo-trip et la night life, c’est en solo qu’il ressort des thématiques plus profondes ou il va se livrer davantage.
C’est ce qu’on va retrouver sur son premier album « Mignon » sorti en 2021. Un projet ou se dégage parfaitement l’éventail musical que l’artiste propose avec des productions léchées teintées d’influences jazz et hip-hop américain.
L’univers de Peet se démarque dans sa façon de faire de la musique quelque chose de sérieux sans se prendre au sérieux, portant un ton relativement humoristique dans ses flows et sa manière d’aborder sa communauté. Mais, malgré ce détail, il gère parfaitement cette ligne évitant le ringard. Avec cette auto-dérision, le rappeur ne s’empêche pas de traiter des sujets plus sensibles.
En 2023, Peet va alors annoncer son nouveau projet « Todo bien ». C’est ce deuxième album qui va nous intéresser pour sa cover.
L’illustration représente l’artiste en chute libre au-dessus de Bruxelles en forme d’archipel entouré d’une mer scintillante. C’est justement cette illustration qui m’a tapé dans l’œil, car elle fait rappel à un cover bien particulière de funk japonaise !
Masayoshi Takanaka et la guitare au service de la musique Funk
Masayoshi Takanaka est un guitariste, compositeur japonais né en 1959 à Tokyo. Il commence sa carrière musicale en 1971 en tant que guitariste dans plusieurs groupes de rock progressif dont « Sadistic Mika band » connaissant un essor remarqué avec 3 albums studio. A côté de ça il se lance en solo avec son premier album « Seychelles ».
La musique de Masayoshi Takanaka va alors devenir très influente dans le courant city pop des années 80/90.
Les années 80 au Japon et son nouveau genre fusion
Le courant City pop est un genre musical trouvant ses origines au Japon à la fin des années 70, qui puise ses influences dans la musique occidentale. Il s’agit d’un genre fusion embrassant de nombreux styles tel que le rock progressif, le jazz, la funk ou le boogie, eux-mêmes dérivés avec la pop japonaise de l’époque. Malgré tout, ce genre ne trouve pas de restrictions de style permettant d’élargir le panel musical que la city pop propose.
Elle est décrite par le producteur et écrivain Japonais Yosuke Kitazawa comme « une musique faite par des citadins pour des citadins » d’où le terme "city pop".
Portant comme représentant des grands noms comme : Tatsuro Yamashita et sa femme MariyaTakeuchi avec son morceau iconique symbole du genre : « Plastic love ».
Cette musique variée propose une énergie solaire et bienveillante grâce aux sonorités exotique venant d’Hawaï et d’Okinawa. Rythmé par les guitares et les lignes de basses groovy significatives de la musique funk. La city pop à été réécoutée avec nostalgie courant 2010 grâce à l‘essor des réseaux sociaux et est aujourd’hui beaucoup réutilisée.
La cover de “All of me”
C’est en 1979 que Masayoshi Takanaka sort son album « All of me » qui présente une cover dantesque à l’image de sa musique : Masayoshi en chute libre sous un cadre idyllique avec une ile et son lagon en contrebas. Une illustration qui, 40 ans plus tard, sera reprise par Peet pour son projet !
Les influences multiples
Alors que le rap pouvait paraître opposé à la city pop il y a quelques années, c’est aujourd’hui qu’on trouve la preuve contraire. Le rap vient encore se lier à différents genres autant musicalement que visuellement grâce aux samples ou aux nombreuses influences que chaque artiste peut amener. Tout cela créant un cocktail réjouissant.
La musique de Takanaka retranscrit des sonorités solaires et « good vibes », cette énergie peut aujourd’hui se refléter dans la musique et l’univers de Peet avec ses rythmiques jazz et son rap porté par le quotidien et la vie de son interprète.
Foncez découvrir ces deux mondes étroitement liés en écoutant le dernier album de Peet « à demain » sorti le 12 avril dernier.
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