On se souvient encore de cette période où toutes les photos de profil étaient des photos de singe. “Les NFT c’est l’avenir” avaient garanti tous les cryptobros. Aujourd’hui, faisons le point sur les NFT : révolution numérique ou effet de mode ?
Un potentiel infini
Les NFT (ou jetons non fongibles) ont pris d'assaut le monde numérique en 2021. Ce sont des actifs numériques uniques enregistrés sur une blockchain. Contrairement aux cryptomonnaies traditionnelles, les NFT ne sont pas interchangeables et possèdent des caractéristiques qui les rendent uniques et précieux.
L'un des aspects les plus intéressants des NFT est leur capacité à tracer la propriété et l'authenticité d'un actif numérique. Grâce à la technologie de la blockchain, chaque NFT est enregistré de manière transparente et immuable, ce qui permet de prouver l'authenticité et la provenance d'une œuvre d'art numérique, par exemple. Cela résout un problème majeur dans le monde numérique, où la copie et la reproduction facile des fichiers ont longtemps rendu difficile la protection des droits d'auteur et la valeur des œuvres numériques.
Le potentiel continu des NFT dans l'industrie de l'art et de la culture se traduit par l’émergence de nouvelles expériences artistiques. Pour la première fois, l’artiste plasticien Stefan Brüggemann a édité une série d’œuvres numériques NFT. Chaque pièce est intitulée d’après un film et illustrée d’une citation issue du film. L’œuvre présente ensuite une série de variations de mots issus de la presse, qui changent trois fois par jour. Le collectionneur sera alors libre de bloquer, à jamais, l’œuvre au moment de son choix. Avec trois variations par jour, pendant un an, cela représente plus de 1000 possibilités différentes de l’œuvre. Pour le plasticien, cette série représente une occasion d’impliquer le collection dans le processus de création.
Une source de scam
Si les NFT ont suscité un grand engouement en tant que nouvelle forme d'expression artistique et de monétisation pour les créateurs, il est essentiel de noter qu'ils ne sont pas à l'abri des arnaques. Le manque de réglementation et de transparence fait des NFT un terrain propice aux escroqueries en tout genre, telles que le nébuleux projet de film Plush.
Porté par des personnalités médiatiques comme Kev Adams ou encore Gims, le projet Plush avait pour ambition de financer un film d'animation en proposant des NFT à la vente au prix de 1.250€ pièce. Lancé par la société Illuminart au printemps 2022, le projet fait sensation et suscite très rapidement l’intérêt. Les investisseurs se voyaient promettre un rôle dans les orientations du scénario, leur nom au générique, et des retours sur investissement juteux.
Cependant, neuf mois après le lancement, les 770 participants au projet se retrouvent sans nouvelle. Celui qui se fait appeler Fabi, le cerveau derrière Plush, est devenu injoignable, mettant fin à toute communication sur les réseaux sociaux et fermant le forum du projet. Selon Mediapart, la somme de 1,5 million d'euros semble s'être évaporée.
À cet échec commercial s'ajoute le mystère entourant la société Illuminart. Son siège social est domicilié à Dubaï, sans que cela ait été clairement expliqué aux investisseurs. De plus, l'identité des actionnaires et dirigeants n'a jamais été divulguée publiquement. L’enquête de Mediapart révèle que Fabi en est en réalité le seul propriétaire et dirigeant d’Illuminart. Ce Français de 44 ans, dont toutes les sociétés précédentes ont déposé le bilan, est aujourd’hui un investisseur en cryptomonnaies, mordu de poker et… ami proche de Marc Blatta - surnommé avec sa compagne les Balkany de Dubaï. Au-delà de ces faits, le silence règne, créant un voile d'opacité sur cette affaire intrigante.
Un marché volatile
Seulement 2 ans après le lancement de cette nouvelle technologie, la désillusion est totale. Selon une récente étude de dappGambl, “95 % des personnes possédant des collections NFT détiennent actuellement des investissements sans valeur”. Ce chiffre représente 23 millions de personnes. Les milliards de dollars investis, l’engouement qui a secoué internet en 2021, les images de singe : tout cela ne vaut désormais plus rien. A vrai dire, ce n’est en rien surprenant. En effet, dès leur avènement en 2021, le marché des NFT a plusieurs plongé à des niveaux abyssaux, sans jamais vraiment disparaître de la circulation ni remonter la pente. Par exemple, le NFT de Justin Bieber acheté 1,24M€ d’euros ne vaut plus que 66.000€.
“Il s’agit d’un rappel brutal que, bien que les NFT ont introduit un nouveau modèle révolutionnaire pour la propriété et la monétisation des actifs numériques, ils restent un marché hautement spéculatif et volatile” conclut le rapport.
Malgré la volatilité du marché des NFT, de nombreuses opportunités commerciales innovantes continuent d'émerger. Dernièrement, La Poste s’est associée à l’entreprise Wagami Studio afin de lancer la vente de son premier timbre en NFT. Celui-ci coutera 8€ à l’acheteur, qui pourra le conserver même si le timbre est envoyé.
D’après Maxence Guyot, cofondateur de Wagmi Studio, “l’idée est d’initier massivement le public de philatélistes aux NFTs et de lancer de nouvelles collections plus tard. Nous réfléchissons à ce qu’ils ouvrent le droit à des avantages”. Avec ce projet, La Poste se positionne comme un hébergeur de portefeuilles susceptible d'accueillir des euros numériques dans un avenir proche.
Dans l'ensemble, les NFT ont créé un nouvel écosystème passionnant où la propriété, la valeur et la créativité se rencontrent dans le monde numérique. Alors que de plus en plus de personnes se tournent vers les NFT pour acheter et vendre des actifs numériques uniques, il est clair que cette technologie a le potentiel de révolutionner l'industrie de l'art et de la culture. Néanmoins, afin de profiter de toutes leurs fonctionnalités, il est primordial d'encadrer juridiquement les NFT.
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